D'après l'œuvre de : Xavier Grall | Mise en scène : Jean-Noël Dahan
Vitalie Rimbaud, mère du poète, fut surnommée « la Rimb », notamment par son fils. Petite propriétaire terrienne, veuve et seule dans sa ferme des Ardennes à l’aube du XX e siècle, elle revient sur sa relation avec Arthur, mort depuis quelques années. Elle clame que le « vrai » Rimbaud n’est pas le « poète maudit » idolâtré par les littérateurs parisiens. Elle reconnaît volontiers le talent, même si elle avoue ne pas y comprendre grand-chose, mais après ses « bêtises » d’adolescent, Arthur a selon elle, retrouvé les valeurs familiales et maternelles en se consacrant au commerce et à la religion. Elle veut jusque dans la tombe, protéger une mémoire plus « respectable » de son fils. Ce soliloque qui fut à l’origine une pièce radiophonique nous fait découvrir ce personnage de mère bigote endiablée mais aussi l’auteur étonnant de ce texte. Journaliste, animé par une foi profonde (il dirigea plusieurs années le magazine La Vie catholique), Xavier Grall aimait aussi les esprits rebelles. Il consacra des livres à Bernanos, Rimbaud, James Dean et Mauriac. Il prolongea son travail sur Rimbaud en donnant la parole à sa mère, réputée dure et d’une volonté morale passionnée. La pièce éclaire le « cas » Rimbaud sous l’angle déjà très commenté du rapport à sa mère. Mais la perspective, ici maternelle, est inédite. L’évocation des deux visages de Rimbaud s’incarne à travers l’ambivalence de cette mère tyrannique et aimante qui offre à Martine Vandeville une magnifique partition d’actrice. C’est cette dualité du personnage qui est au cœur du spectacle, fouillant le mystère de « la Rimb » comme l’une des clefs de celui de Rimbaud et de sa retraite littéraire à 19 ans.
Avec Martine Vandeville