Human Spirals est un disque puissant qui engage Kami Quintet dans une nouvelle direction, parmi toutes celles que peut emprunter le jazz . Il nous propose une musique qui n’était que trop peu sortie de la sphère New Yorkaise jusqu’à présent. On y retrouve l’influence du son électro presque synthétique de la basse de Tim Lefebvre, et la droiture des rythmiques de Mark Guiliana, avec qui le groupe a joué en 2009 à NYC et en France. Des atmosphères bruitistes, des grooves entêtants, une rythmique martelant un after beat rock sans aucun complexe. La musique de Kami Quintet est basée sur le fourmillement autour d’un bourdon et une armature rythmique en contrepoint, sur laquelle les soufflants tonitruent et explosent dans des masses sonores difformes, ou se posent sur des mélodies presques évanescentes et oniriques. Une musique à l’architecture construite toute en superposition de boucles et contrepoints rythmiques, servie par des grooves lourds semant la confusion entre une musique savante et un énorme son issu du gros rock des années 90 (Rage Against the Machine, Faith No More, Primus). Pour autant l’encrage de Human Spirals dans le jazz est indéniable, au sens où la musique de Kami Quintet est en constant mouvement. Sans doute parce que cette écriture à la rigueur implacable et imparable offre un champ de liberté infini, permettant aux solistes de s’aventurer dans des jeux harmoniques et rythmiques de haut vol. Les compositions du guitariste et leader Pascal Charrier sont ainsi littéralement emportées par la rythmique puissante de Denis Frangulian (basse électrique) et Jérôme Mouriez (batterie), quand Julien Soro (sax alto) et Bastien Ballaz (trombone) viennent s’y perdre avec extase. Et nous avec eux.