Fin des années 50, début des années 80. Le claquement d'une contrebasse boisée qui swingue, les grincements d'un synthé qui hulule. Du rock'n'roll au psychobilly, voilà de quoi il s'agit ici.
Du blues, entre les lignes, des voix qui pulsent, des textes aussi, des bluettes, des histoires de rien du tout ou presque, de gens de peu, des histoires d'amour qui finissent mal, des chansons de cow-boys so lonely, de teddygirls si charmantes…
Cinq ans après leur galette en hommage au Cubain Miguel Angel Ruiz, revoici Las Ondas Marteles avec un nouvel objet, un projet qui, au-delà des clichés et a priori, s'inscrit dans la même veine que leur précédent ovni. Cordes sensibles, ambiance tout soul, musiques tragiquement actuelles, subtil parfum d'ambiguïté et de naïveté, de légèreté et de sentiments partagés, quelque part entre le parquet des pistes de danse et le lustre des saloons décatis. Entre le Deep South et le Far West. « Que des sudistes, on ne voulait pas s'éloigner trop de Cuba ! » .. ..
Sérieusement, Seb Martel et Sarah Murcia ne manquent pas d'humour. Ces deux-là ont grandi aux sons des années post new-wave, quand les chantres du rock de la première heure connaissaient une nouvelle jeunesse. Pour eux, cet album sonne comme un retour aux sources, un bain de jouvence. Fidèle au poste, entendez décalé, Nicolaï Martel s'est positionné en absolute beginner, voix de crooner parfaite pour ce rôle de composition. Du coup, ils ont fouillé les collections de vinyles pour affiner un répertoire, du style sophistiqué. Résultat : trois listes distinctes, mais quinze titres qui sortent du lot… .. .. Entre classiques et raretés, tous sont sortis des sweet fifties, certains adaptés en espagnol, d'autres joués dans l'esprit Suicide ou B 52's. Tous sonnent justes, comme il faut. « On n'est pas des touristes, on n'est pas des puristes. En revanche, on sait faire la différence entre nous et l'histoire. » On y retrouve nombre de héros du rock'n'roll : Johnny Burnette, Hank Mizell, Dale Hawkins… Il y a même « Suzy Q », relookée en égérie espagnole, toujours belle et bien apprêtée. Et puis, à la manière des esthètes faces cachées qui ajoutent au cachet, le cultissime « Love In Outter Space » de Sun Ra ! Loin de dépareiller, le pianiste de l'hyperespace et producteur de faces doo-wop et rock s'inscrit avec classe dans cette histoire d'énergie bien balancée. .. .. Un son nerveux, parfait pour magnifier l'élégance surannée qui se trame au fond de la gorge… Voilà de quoi parlent ces 35 minutes. Pas plus ni moins, deux faces d'un vinyle à l'ancienne certes, mais mixé avec doigté par Marlon B, homme machine choisi pour le contre-emploi, source forcément d'inédits émerveillements. A quoi bon reprendre à la virgule près ces chansons qui ont déjà eu l'heur d'être posées voici un demi-siècle dans la cire ?!?
SARAH MURCIA.. SEB MARTEL.. NICOLAS MARTEL