Le music-hall est la grande affaire de son métier d’imitateur hors-catégorie dont il est le meilleur grimpeur. De sa voix, il franchit des cols insoupçonnables. Il ne lui fallait qu’une dernière chose pour réaliser son rêve d’enfant : un big-band. Chose bien faite avec le grand orchestre de Fred Manoukian et ses 19 musiciens.
On dit de Laurent Gerra qu’il est grivois mais la grivoiserie n’est pas donnée à tout le monde. Il faut y pénétrer en claquant la porte doucement. Elle suppose quelque raffinement, de la méthode, il faut ouvrir l’oreille du spectateur avec délicatesse, la délicatesse du médecin qui vous purge le conduit auditif d’un bouchon. Voilà tout un art pas grossier, libérateur, subtil. Gerra, le malfaisant, nettoie nos esprits obturés et nous décomplexe. Dès le début du spectacle, c’est bel et bien parti. Entrée à l’américaine, sous les cuivres. Gerra dans la peau d’Aznavour ouvre le bal des vampires de ce spectacle « qui n’a reçu aucune subvention de l’Etat ». Deux heures de destop. Les fidèles modèles politiques de l’imitateur défilent : Jack Lang, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, on en passe…
Et les classiques : Céline Dion, Francis Cabrel, Etienne Daho, Jeanne Moreau, Alain Delon, Fabrice Luchini,… Une véritable lessiveuse, fanfare et grosse caisse, trombones et violons. Véritable chroniqueur des pestes de nos temps modernes, Gerra n’est pas dans la nostalgie, il est dans la générosité, dans ses légendes digérées : Léo Ferré, Charles Trenet, Yves Montand, Serge Reggiani, Henry Salvador, Georges Brassens, Gilbert Bécaud, Claude Nougaro ou encore Serge Gainsbourg.. .
On y croit, on y est. Il flingue amicalement – au silencieux ! - la nouvelle génération, les Delerm, Biolay, autres... On grimpe sur son char d’assaut. On desserre nos ceintures. Nous sommes en plein vol d’humour.
En avant la zizique !