DEBAT/POESIE/THEATRE
18 février 2014 à 19h30
Maison des passages
Les républiques démocratiques latino-américaines se sont construites dans le cadre d’une longue émancipation où la culture a joué un rôle important. Celle-ci a toujours été intégrée à l’action politique, considérée comme un outil d’émancipation des personnes en favorisant la prise de recul, en développant leur esprit critique et en faisant vivre les cultures populaires exprimant ainsi, comme le chant de Violeta Parra, un « Gracias a la vida » et le refus de tous les « Viva la muerte » des fascistes.
Des années 20 aux années 70, l’art, en prenant parti, s’est heurté aux enjeux politiques dans une volonté militante de transformation des rapports au monde.
Les grands écrivains latino-américains ont en commun de témoigner et de dénoncer les vices de l’Amérique Latine notamment les dictatures (Miguel Angel Asturias, Pablo Neruda, G. Garcia Marquez, Octavio Paz, Augusto Boal…).Tous considèrent l’engagement politique comme une nécessité. Pablo Neruda, poète militant, écrivait dans Le chant general « j’ai vu le mal et le méchant, ils n’étaient pas dans leur tanière / La vilenie, dans sa caverne, c’est pour les contes de fées. »
Au Mexique, avec le muralisme, engagement artistique et engagement politique sont intimement liés (ex : Diego Riviera). La peinture s’affiche dans les rues et les lieux publics comme un art démocratique et comme le vecteur du message révolutionnaire et des revendications populaires. Après le Mexique, c’est au Chili que le muralisme a connu son essor le plus important en instaurant une relation étroite entre art et idéologie politique (ex : La brigada Ramona Parra liée au parti communiste). Les revendications concernent le statut des ouvriers, la dignité du peuple, la réappropriation des richesses naturelles du pays exploitées par les nations étrangères, le statut du peuple Mapuche…
La Nouvelle Chanson Latino sera également une arme de combat contre l’oppression et pour la liberté (Atahualpa Yupanqui, Mercedes Sosa, Victor Jara, Violeta Parra, le groupe Quilapayún, Daniel Viglietti, Ali Primera…). Ce mouvement se cristallisera en 67 lors du Festival de la chanson de protestation (Cuba). Là, sont mis en évidence les caractéristiques de ce qu’est la chanson engagée et le rôle social du chanteur. Victor Jara, assassiné le 14 septembre 73 au stade Santiago du Chili, fut une figure emblématique de ce mouvement. Il dira, dans son dernier poème, de ceux qui allaient le tuer quelques heures plus tard : « Pour eux, le sang ressemble à des médailles. »
L’art et la culture ont été, en Amérique Latine, des outils de revendication et de perturbation, des armes idéologiques et des atouts des mouvements sociaux contestataires, syndicats paysans et ouvriers, mouvements de femmes, mouvements indigènes, …
En effet, depuis quelques années, l’émergence de mouvements des peuples autochtones est l’un des faits marquants de l’histoire sociale de l’Amérique Latine. Naguère considérés comme peuples-objets, ces populations sont, aujourd’hui, les acteurs d’un processus d’affirmation politique, sociale et culturelle.
Avec
Stephen Honeyman, Poète chilien
auteur de « Anthropogenèse ou la Seconde Commune » et « Odement vôtre », ouvrages publiés aux éditions Equi-Librio (version bilingue)
Lecture de poèmes de Pablo Neruda, Quilapayùn, Victor Jara…
Spectacle « Les voix du temps » d’Eduardo Galeano
avec Mercedes Alfonso et Paul Pons.
De nationalité uruguayenne, Eduardo Galeano, auteur notamment des Veines ouvertes de l’Amérique Latines, aura connu les prisons et l’exil.
À la fois journaliste, poète, conteur et historien, il capte avec « Les voix du temps » les instants de la vie, « le bonheur se trouve dans les petites choses. »
Débat
De l’Amérique Latine à la France, quelle place
pour la culture dans les batailles politiques ?
Buffet (par France Amérique Latine) et table de presse (par Equi-librio).
PAF : 6 euros