CONCERT
La Mine de Rien
On pourrait croire qu’une Mine de Rien est une mine asséchée, ou déconfite, mais c’est bien d’un gisement festif qu’il s’agit. Avec un brin de néo-guinguette au coin de la bouche, et une envie déterminée de répandre la bonne humeur autour d’elle, cette Mine de Rien sait conquérir les cœurs et les oreilles.
Tziganeries françaises, douceurs suaves et embrasements collectifs de ska acoustique sont à leur programme. Afin de parvenir à leurs fins, ils se déplacent à Sept, à grand renfort de clarinette, de trombone, d’accordéon, de violon, avec une complicité et une finesse bien plus inspirée que la normale. Ce n’est pas encore un clone des Têtes Raides, de Babylon Circus, ou Tryo, mais bien une nouvelle jeune pousse de la chanson, pleine de cette fausse naïveté, et d’une vraie inspiration intelligente.
Dans la lignée de leur nouvel album, "Y’a plus d’Saisons… ", ils s’évertuent à semer les vacances dès qu’ils montent sur scène. Woodstower s’est donc dit que le 3 Septembre, c’était le bon moment pour les laisser faire.
Max Romeo
Autant commencer par le dire : Max Romeo est une légende vivante du Reggae. Figure marquante de l’engagement politique reggae aux côtés de Bob Marley dans les années 70 en Jamaïque, il est un des précurseurs du Dub Chanté, et de ce style lent et polyphonique venant des chants rasta, et l’un des plus grands chanteurs de Roots Reggae de l’histoire.
Né en 1944, il se fit connaître avec un tube léger Wet Dream en 1967, lors d’une première collaboration avec Bunny Lee, et participe aux débuts des Hippy Boys, qui deviendront plus tard les Upsetters, le groupe mythique de Lee Perry. Ce bon vieux Scratch Perry sera longtemps aux côtés de lui, notamment lorsque Bob Marley (travaillant également avec Scratch) demande à interpréter le War Ina Babylon que Max Romeo vient de composer. Son auteur finit par l’enregistrer, et l’album est aujourd’hui au panthéon des disques jamaïcains, contenant des tubes mondiaux tels que War Ina Babylon, One Step Forward, ou encore Chase the Devil… Quand la Jamaïque se trouve à feu et à sang, Max Romeo devra s’exiler, et hors de son île, il enregistrera des collaborations avec les Rolling Stones (sur Emotional Rescue), avec Sly and Robby, Ernest Ranglin, et encore Lee Perry…
Récemment, Max Romeo a enregistré In this time, album incroyable avec la Tribu Acustica (1999) où le Dub Acoustique met en valeur une voix mythique que les années ne semblent pas vouloir écorner. En 2004, il sort a Little Time For Jah, produit par le Célèbre Clive Hunt, où le son roots et sa voix si reconnaissable continuer de résonner, comme au premier jour.
Mano Solo
"A peine, l’animal apparaît-il, que c’est l’hystérie qui gagne la salle. Véritable aigle, le chanteur toise la foule de son regard acéré, vous transperce de part en part, ou que vous soyez, et vous entraîne au fond de lui, et à travers les rues de Paris" Zdenek, sur Krïnen.com
A n’en pas douter, Mano Solo n’a rien perdu de ce charisme hors norme…
D’ailleurs, Les Animals, huitième galette du chien fou depuis 1993, s’inscrit dans la continuité festive des deux derniers albums, en empruntant cette fois-ci encore plus à l’Afrique son tempo inexorable et ravageur. Mais comme toujours si Mano Solo s’assied sur une base percussive, c’est pour nous faire faire le tour du monde. Quand l’accordéon nous parle en malgache la guitare lui répond en espagnol, des pianos mélopées percutent de plein fouet des ska galopants, les chansons mexicaines parlent de la Seine dans une anarchie harmonieuse, unie par les mots. Les mots de Mano.
Marie Cosmos
Une rythmique Drum and Bass live, des samples qui s’enchevêtrent, un sax plein d’effets, la musique de Marie Cosmos est un savant et inspiré mélange de Trip Hop, de Jazz, et de pop aussi, parfois… Mais ce bouillon de culture possède également en son sein, une chanteuse surprenante de charisme et de justesse. Une voix sensible qui sait se faire tonitruante et émouvante, un grain de folie jubilatoire qui fait dire à la première écoute : « Oula, mais c’est très bien ce truc ! tu m’as dit que ça venait d’où ?»
Sur scène, Marie Cosmos possède une remarquable maturité. L’interprétation respire le groove et le talent, les compositions sont variées et enlevées, et leur son devient envoûtant et hypnotique, porté par une complicité visible. On reconnaît des influences de Portishead, de Bjork et même d’Asian Dub dans ce projet enthousiasmant.
Entre les arbres du Parc Nature de Miribel-Jonage, leurs délires électroniques devraient trouver une résonance toute naturelle.
Révélés par le Ninkasi, playlistés sur FIP, programmés aux Nuits de Fourvière… les Marie Cosmos sont dans une dynamique remarquable, à laquelle Woodstower est ravi de participer.
Hybrid Sound System
Uzul, Mat (membres actifs du groupe KALY live dub) et Nico (précurseur du live audio-visuel, XLR Project) ont eu envie, un jour de ce début de siècle, de monter ensemble un projet Electro avec une démarche d’expérimentation constante et ludique. Aujourd’hui, Hybrid présente donc un excellent disque à se mettre sous les oreilles, et un projet Live véritablement festif.
Le disque s’appelle Synchrone, est sorti chez Sound Around (le Label de Thierry Arnold) et contient de nombreuses collaborations avec Akufen et Antok d’High Tone, Pilha (Kaly) etc. On a pu en trouver de multiples extraits dans les compilations qui ont du goût : How do you Sleep, Alternative Novo Dub, Dub in France vol II, Digitalik Park…
Le Set d’Hybrid commence sous des abords de Dub « à la Lyonnaise », dans la lignée de Kaly, ou des illustres High Tone. L’ambiance est alors planante, et le Parc de Miribel devrait convenir à merveille à ce Downtempo électronique. Mais l’originalité d’Hybrid tient dans cette lente accélération, transformant le Dub, en Electro, changeant les aspects, déformant les contours, et brouillant les pistes.
La Musique est accompagnée par le live vidéo de Nico, participant à la transe et à la rêverie hypnotique...
Très progressivement donc, on ressent des accents Drum and Bass, des influences jungle, alors que l’on augmente les BPM, et les rythmes deviennent dansants et festifs. Pour finir, Hybrid devrait tutoyer les 200BPM en techno explosive et enjoué, avec des hallucinations sur écrans, et un public assez probablement déchaîné.
Batucada Upercut
Comme de tradition dans un bon Woodstower, il est un moment où on croit que le concert est terminé, qu’il faut attendre une demi-heure de changement de plateau, et où on est happé par les rythmes brésiliens d’une Batucada survoltée(une Batucada est un orchestre de Percussions Brésiliennes, jouant à en perdre ses hanches, des rythmes de là bas). Upercut devrait s’acquitter de cette tache avec la plus grande ferveur, en faisant danser le Parc comme un Rio de Janeiro délocalisé. La Batuc Upercut a également la particularité de faire jouer des cuivres (saxos, trombones..), lui donnant un côté mélodique rare et distinctif.
Cette Batucada reconnue, viendra donc animer la Fin des animations de Théâtre de Rue, et sera à nouveau présente dans l’enceinte du concert pour des déambulations festives et enjouées.
