Ma Famille
- du 03/11/2005 au 05/11/2005
Texte de Carlos Liscano
Dans le monde imaginé par Carlos Liscano, on vend les enfants comme on respire : pour survivre. Rien de dramatique à cela. Aucun des personnages n’en est alarmé. Vendre son fils pour manger c’est monnaie courante, voire même se vendre soi, pour échapper à la monotonie du quotidien et changer de vie. On se sépare pour mieux se retrouver, dans un joyeux ballet emmené par quatre comédiens et un pianiste...
Famille, je vous aime
“Toucher à ce qui constitue la famille, c’est se plonger dans l’irrationnel, dans ce que la société considère comme presque sacré”, écrit Carlos Liscano. Et s’il est vrai que les histoires de famille ont souvent des causes et effets bien mystérieux, celle que l’auteur uruguayen imagine a, apparemment, tout du pire cauchemar, parfait cas de folie ou de cruauté avancée. Pourtant, pour ce fils qui nous raconte son histoire, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les enfants savent tous qu’ils vont être, un jour ou l’autre, amenés au marché pour être vendus, en espérant bien être rachetés par leurs parents à l’occasion du banquet familial régulièrement organisé. L’ironie flirte avec la démence, l’humour avec la dénonciation : l’écriture de Carlos Liscano, singulière, passant avec une aisance troublante d’un sentiment à l’autre, est injustement méconnue.
Michel Didym fait la rencontre de l’artiste à Montevideo il y a deux ans, dans le cadre des “Tintas Frescas”, opération de créations d’auteurs contemporains dans une quinzaine de pays d’Amérique latine. Le texte séduit le metteur en scène. “Avec une extraordinaire modernité, Carlos Liscano parvient à mêler l’absurde au réalisme et la naïveté à la rage”, explique-t-il, admiratif. Il se trouve alors, face à la principale originalité de la pièce : son alternance entre récit et représentation.
Un comédien passe ainsi allégrement d’une voix de narrateur à celle de personnage, tandis qu’il tiendra plusieurs autres rôles. La vivacité de l’écriture de Liscano appelle ce mélange, cette polyphonie, ces mouvements ludiques et inventifs. Michel Didym fait de cette dualité narrative un atout, une chance de “pouvoir associer le public à la fulgurance des propositions”, un défi de “travailler à ce point avec les comédiens sur l’incarnation”.
Fable étrangère à la morale, amusée et percutante, Ma Famille sera aussi envisagée par le metteur en scène à travers la musique. Un pianiste mène la danse absurde qui se joue, avec notamment deux chansons de Liscano arrangées par le metteur en scène, “directeur musical à temps plein”. La symphonie uruguayenne de Carlos Liscano enchante, et on ne pouvait rêver mieux que Michel Didym pour la révéler sous nos yeux.
horaires :Jeudi 3 novembre 19h30
Vendredi 4 novembre 20h30
Samedi 5 novembre 20h30
tarifs :22 €
18 € Étudiants - 28 ans, CE, + 65 ans, familles, groupes de 10
15 € Demandeurs d'emploi, - 20 ans
M’ra (Carte Rhône-Alpes),
Pass'Culture
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