Roméo et Juliette, les amants de liège

Marionnettes miniatures et théâtre d’objets, tout public à partir de 5 ans

Roméo et Juliette, deux prénoms associés depuis plus de quatre siècles à William Shakespeare comme au symbole inaltérable de l’amour impossible. Les amants les plus célèbres de l’histoire du théâtre sont astucieusement transformés en bouchons de liège par Ivan Pommet, qui fait de cette aventure universelle un voyage au cœur du détail et de la poésie. Et Prokofiev de donner magistralement le "la"...

Une Capulet en castelet
De deux héros légendaires aux quelques chevaux, oiseaux ou autres canons, ce sont plus de soixante personnages de liège qui animent en musique le castelet de fortune imaginé par le Théâtre Mu. Ivan Pommet, à l’origine de l’intégralité du projet, de sa conception à la manipulation des objets, raconte comment cette idée lui est venue un lendemain de fête, alors qu’il triait avec des enfants la somme impressionnante de bouchons rescapés d’une soirée arrosée. Première pièce de la compagnie imaginée à partir d’un texte préexistant, Roméo et Juliette... est aussi une œuvre inspirée par le penchant mélomane du marionnettiste, plus encore par sa fascination pour le ballet écrit par Prokofiev. La Danse des chevaliers retentit dans le castelet, et c’est l’émotion qui surgit, initiant les oreilles les plus jeunes au charme, à la force de la musique classique.

Le travail du Théâtre Mu est singulier et surprenant : à partir de l’unique matériau de départ qu’est le bouchon de champagne, il confère une expressivité propre à chaque entité, remplaçant ici les mots par la puissance évocatrice de l’image et des notes.

Le spectacle est ainsi quasi muet, et la partition de Prokofiev, véritable chef-d’œuvre élaboré au plus près du drame shakespearien, démontre une nouvelle fois sa capacité à convoquer du visuel, du commentaire, de la poésie. Le compositeur inspire à Ivan Pommet une dramaturgie concentrée, efficace dans sa tendance à revenir à l’essentiel, à se confier littéralement à la musique.

Roméo et Juliette restent ces deux personnages, l’un Montaigu, l’autre Capulet, contraints de s’aimer dans le secret face à la haine irraisonnée de leurs familles respectives. La tragédie, élevée aujourd’hui au rang de mythe, est fidèlement relue, dans ses grandes lignes, par le Théâtre Mu : les amants de liège, eux non plus, ne survivront pas à l’absurdité, mais subsiste après eux un agréable vent d’insouciance... Il porte longuement petits ou grands enfants, témoins de l’incroyable création de cet univers minuscule, insoupçonné.

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