J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne
- du 08/11/2005 au 11/11/2005
TEXTE
Jean-Luc Lagarce
MISE EN SCÈNE
Joël Jouanneau
AVEC
Caroline Chaniolleau
Cécile Garcia-Fogel
Sabrina Kouroughli
Mireille Perrier
Lucie Valon
Cinq femmes : trois sœurs aux allures tchékhoviennes, leur mère, leur grand-mère. Depuis le jour du départ du frère, fils, petit-fils, elles n’ont cessé de guetter son retour. Cinq regards, cinq vies tournées vers un seul être, pendant tant d’années. Et un beau jour, l’Ulysse réapparaît sur la route qui mène à leur maison... A quel prix se joue donc cette «lente pavane autour d’un jeune homme endormi» dont parlait Jean-Luc Lagarce ?
Apprendre l’absence
C’est un peu comme ces longues soirées d’été, celles où l’on attend, suffoquant, que la pluie nous délivre d’une atmosphère étouffante, qu’elle déverse sur nos corps tendus toute la force apaisante et libératrice du ciel. Les cinq femmes dont Jean-Luc Lagarce fait ici le portrait, ont en quelque sorte guetté cette venue salvatrice. Une averse comme un homme qui ramènerait toute chose à sa plus profonde nature, à sa raison d’être. Pendant ces années d’attente, elles s’étaient oubliées, avaient mis leurs vies en suspens, mais aujourd’hui qu’il revient, qu’il dort là-haut, au-dessus de leurs têtes, c’est la fin d’un certain monde qu’il faut regarder en face.
Et après ? Quand le spectacle commence, elles sont déjà toutes en scène, sur un plateau presque nu, littéralement soumis à leur profonde présence. Ces cinq-là sont ancrées dans un sol qu’elles n’ont jamais quitté mais qui risque de se dérober tout d’un coup sous leurs pieds : “il” est rentré, mais cela peut-il panser une blessure ouverte, valoir les regrets naissants, les remords accumulés, le temps perdu ? Et si, comble de l’attente, ce corps perdu était simplement revenu pour mourir sous son premier toit ? Ce corps fantasmé revenu de toutes les guerres, resté muet face à ses Pénélopes, aurait alors retrouvé son chemin pour repartir à jamais cette nuit-là...
Cette idée d’appréhender le deuil dans la durée, d’envisager, à travers cinq figures condamnées à l’attente, la perte comme un apprentissage, fait étrangement écho à la situation de Jean-Luc Lagarce qui se savait condamné en écrivant ce texte admirable. Décédé en 1995 alors qu’il n’avait pas 40 ans, il avait appris à vivre avec l’idée de sa mort, thème qui parcourt ainsi beaucoup de ses dernières pièces.
L’histoire de ces héroïnes, qui auraient pu aussi s’appeler “Electre, Chrysotémis, Iphigénie et la Femme Captive, La Troyenne”, écrivait Lagarce, résonne comme un cri d’amour à ceux qui lui survivent. Joël Jouanneau traduit tout autant ce don par un amour démesuré du théâtre et des actrices, que par une dévotion totale au texte et au souvenir de son auteur, avec une humilité et une exigence sans faille.
renseignements :DURÉE:1H30
horaires :mardi 8 novembre 19h00
mercerdi 9 novembre 19h30
Jeudi 10 novembre 19h30
vendredi 11 novembre 20h30
tarifs :22 €
18 € : Étudiants -28 ans,
CEe, +65 ans, familles, groupes de 10
15 € : Demandeurs d’emploi, -20 ans
M'ra (carte Rhône-Alpes +), Pass Culture
Voir les autres évènements pour :
Théâtre