La carmencita

« L’amour est enfant de bohème…» certes, mais il est aussi affaire d’intimité ! C’est donc dans l’idée de rendre à Carmen un peu de passion digne que Matthew Jocelyn l’a débarrassée de ses castagnettes, de ses taureaux, de ses fl eurs dans les cheveux et de son Espagne de pacotille. Dépouillée, elle est belle cette Carmen, Bizet ne s’y était pas trompé. Elle est l’expression du désir dans ce qu’il a de plus vif, elle est d’une intense beauté dramatique. Rendue à notre intimité avec un orchestre de treize musiciens, et une relation aux spectateurs qui fait le choix de la proximité, il n’est plus nécessaire de déballer des excès de diva. Voici une femme et son drame, portée par l’œuvre magistrale de Bizet, qui peut se permettre de nous faire entendre tous les registres de son âme. Par son choix de limiter toute emphase inutile, Mattew Jocelyn apporte un nouveau regard sur cette œuvre. Il nous fait entendre
la belle gitane, à la voix si familière, avec l’étonnement de la redécouverte. Elle devient passionnément proche et belle, telle que l’avait voulue Mérimée. Et son cœur, dont on croit pouvoir percevoir la chamade, nous fait oublier tous les chœurs imposants des superproductions.


Direction musicale :Dominique My
Mise en scène :Matthew Jocelyn
Livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy
D’après le roman de Prosper Mérimée

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