Illuminations- coloured plates

Les Illuminations, l’œuvre la plus mystérieuse d’Arthur Rimbaud. Une quarantaine de fragments aujourd’hui portés sur scène par Thierry de Peretti, nourri depuis l’enfance par la poésie du “Voyant”. Eternel iconoclaste, Rimbaud fascine, intrigue, entraîne dans son incitation au voyage. Comment le théâtre peut-il se faire révélateur fidèle de ces éclats de langue ? Une réponse étonnante à explorer sans modération...



L’alchimie du verbe
43 fragments, “morceaux”, “pièces”, envisagés par le jeune metteur en scène “bien au-delà de la poésie”, comme “une matière très difficile à définir, presque mutante, en mouvement”. Et c’est vrai que Les Illuminations portent en elles ce soupçon d’opacité, de légende, de fantasme, de révolte, propre aux grandes œuvres : dans sa nature, dégagée des formes poétiques classiques, de toute métrique traditionnelle, prose en perpétuelle création de sa rhétorique propre ; mais aussi dans sa conception, restée obscure et incertaine. Rimbaud aurait composé une première partie de ses textes à Londres en 1872, enthousiasmé par la capitale britannique. En 1874, il se serait fait aider par Germain Nouveau pour recopier le manuscrit, alors que Verlaine, lui ayant tiré dessus à deux reprises, vient d’être arrêté. Lorsqu’il confie le manuscrit à son amant libéré en 1875, Rimbaud a 21 ans et c’est la dernière entrevue des deux poètes. En 1886, Les Illuminations connaissent leur première parution dans la revue La Vogue, cinq ans avant sa mort.

“Les Illuminations commencent comme un mystère”, écrit Thierry de Peretti. L’artiste, qui fait ses débuts au cours Florent pour signer, la saison dernière, une mise en scène à la Comédie-Française, s’est déjà confronté à l’univers du poète en créant Les Brouillons d’une saison en enfer, déjà en route vers son désir d’un texte “qui ne soit pas au départ écrit pour le théâtre [...], où la langue serait tout”. Aujourd’hui, avec ce recueil de fulgurances, d’incitations au rêve, aux vastes mouvements, moraux, historiques, sensibles, qui nous mèneraient vers un ailleurs plus éclairant, le metteur en scène trouve enfin l’œuvre de “textes incandescents” capable de tenir la seule promesse qui l’intéresse, “apprendre à parler, apprendre à penser”.

Sur le plateau, trois comédiens, et hors scène, un musicien. Un quatuor d’artistes pour appréhender l’univers du voyou, “Voyant”, prophète et marginal, “clochard céleste” épris de liberté. “L’homme aux semelles de vent”, son œuvre du flamboiement, de la mouvance, serait alors mené vers une contemplation sereine, apaisée, musicale : “une transformation à partager”, promet Thierry de Peretti.



TEXTE
Les Illuminations
d’Arthur Rimbaud
MISE EN SCENE
Thierry de Peretti

AVEC
Marie Denarnaud
Alban Guyon
Thibault de Montalembert

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