Le Fait d’habiter Bagnolet
- du 07/02/2006 au 18/02/2006
On se souvient tous d’un de ces moments délicats de la vie. Les instants qui précèdent le premier baiser. Les instants qui font que deux parfaits inconnus vont commencer une autre histoire, ensemble. Vincent Delerm écrivait des pièces avant d’écrire des chansons. Il a imaginé pour son amie metteur en scène Sophie Lecarpentier ce puzzle croustillant et tendre du discours amoureux.
Il était une fois...
Vincent Delerm dit lui-même être un conteur d’histoires avant d’être un musicien. C’est sûrement ce qui a immédiatement plu au public, qui a fait que les médias se sont assez rapidement approprié le “style Delerm”, cette façon de parler avec une poésie déroutante et savoureuse des choses cruelles, heureuses, singulières, de la vie. Les histoires de Delerm sont tout simplement les nôtres, et Le Fait d’habiter Bagnolet répond à l’écho de nos souvenirs comme les autres textes du jeune auteur. Simon et Alice ne sont pas des personnages extraordinaires, ils ont leur pudeur, leur ego, leur méfiance et leurs complexes bien à eux, une normalité qui pourrait décourager l’imagination. Mais ils sont là, l’un en face de l’autre dans ce restaurant, pour séduire sans complètement mentir, tentant assez désespérément de poser selon leur meilleur profil...
Et c’est cette quête continue d’introspection, ce dévoilement calculé de soi, cette remise en question prudente, cette suite de malentendus révélateurs, qui confèrent, avec un humour tendre et jouissif, une vérité délicieusement banale à cette histoire. Nous voilà soudain à nous moquer de nos propres expériences, à goûter au plaisir d’assister au plus cocasse, ce que Sophie Lecarpentier appelle, “l’instant jubilatoire de la cristallisation amoureuse”. La metteur en scène se nourrit ingénieusement de l’écriture de Delerm pour créer sa propre dramaturgie du détail : nous n’aurons pas droit à une véritable conversation, mais plutôt à une succession de pensées affolées, tournées vers soi plus que vers l’autre, confessions offertes à un public complice. Du théâtre à la chanson, les deux jeunes artistes tendent ainsi vers une union qui n’est pas complètement étrangère au cinéma, celui de la Nouvelle Vague, de Truffaut avec la voix de Véronique Silver (Madame Jouve dans La Femme d’à côté) qui se fait narratrice prémonitoire, magique. D’arrêts sur image en voix off, de bruitages en direct aux gros plans induits par la mise en scène ingénieuse, Le Fait d’habiter Bagnolet se dessine comme un étrange objet, désabusé, empreint de tendresse et faussement naïf : à mi-chemin entre la musique et les planches, il remet les choses à leur place avec extrêmement de bonheur et de poésie.
TEXTE
Vincent Delerm
MISE EN SCENE
Sophie Lecarpentier
AVEC
Frédéric Cherboeuf, Sébastien Trouvé
et Nathalie Villeneuve avec la voix de Véronique Silver
renseignements :Durée : 1h15
horaires :Mardi 7 février 14 février 20h30
Mercredi 8 février 15 février 19h30
Jeudi 9 février 16 février 19h30
Vendredi 10 février 17 février 20h30
Samedi 11 février 18 février 20h30
Dimanche 12 février 15h00
tarifs :16 €
13 € Étudiants - 28 ans, CE, familles, + 65 ans, groupes de 10
10 € Demandeurs d'emploi, - 20 ans
M’ra (Carte Rhône-Alpes),
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