Monsieur X. dit ici Pierre Rabier
- du 07/03/2006 au 11/03/2006
En 1985, Marguerite Duras faisait publier La Douleur, recueil inédit relatant son expérience de la France de l’Occupation. Dans un des récits, elle raconte sa rencontre avec le milicien baptisé Pierre Rabier, l’été de la Libération. Avec l’homme de la Gestapo naissait alors une relation ambiguë et fascinante, interdite et intéressée, magnifiquement ressuscitée par Marianne Basler et Jean-Philippe Puymartin.
A bicyclette...
Si Marguerite Duras accepte de fréquenter celui qui dit s’appeler Pierre Rabier, c’est d’abord pour l’amour de son mari déporté à Fresnes. Le collaborateur affirme connaître le cas du résistant Robert Antelme, pouvoir donner régulièrement à l’épouse éplorée des nouvelles, peut-être même l’aider à le faire libérer plus tôt. Il ne voit alors en Marguerite Duras qu’une femme blessée aux charmes évidents, ignorant qu’elle est aussi agent de liaison dans la Résistance pour François Morland, alias Mitterrand. C’est là un deuxième argument de poids pour les contacts de l’écrivain : Duras doit à tout prix préserver cette relation pour informer régulièrement son réseau des actions de la Gestapo. Monsieur X. dit ici Pierre Rabier, deuxième texte de La Douleur, porte en lui la force mystérieuse des œuvres mêlant le matériau biographique à la fiction. Où s’arrête le document historique, où commence le romanesque ? Où s’arrête la répulsion, le dégoût de l’autre camp, où commence l’improbable désir ? Entre les lignes et les silences, Duras se plaît à brouiller les pistes et ceux qui lui rendent ici hommage viennent servir avec une précaution et une nuance exceptionnelles la dualité de cette écriture faussement hésitante.
C’est étonnamment la première fois que Jacques Lassalle, grand monsieur du théâtre, met en scène l’un des textes de celle qui fut vraisemblablement la plume féminine marquante de ce XXe siècle. Il définit ce récit comme “le plus déchirant, et le plus « intolérable » témoignage qu’il [lui] a été donné de lire à propos de la France de l’Occupation”. Le travail de Lassalle, extrêmement généreux, sublime la voix de Duras et les comédiens fidèles que sont Marianne Basler et Jean-Philippe Puymartin. Derrière une facture apparemment classique et discrète, la mise en scène replonge comme par magie dans le Paris de 1944 : à bicyclette, entre deux airs d’époque et une table de bistro, les deux acteurs passent d’un point à un autre du vieux plan de métro parisien qui occupe le sol. L’adaptation remarquable du metteur en scène confère au texte toute sa puissance poétique, sa valeur de témoignage et sa force subversive : Duras peut raconter, être écoutée, nous guider vers sa dualité insaisissable, vers un ailleurs essentiel.
TEXTE
d’après La Douleur
de Marguerite Duras
MISE EN SCENE
Jacques Lassalle
AVEC
Marianne Basler
Anne-Laure Brasey
Grégory Le Moigne
Jean-Philippe Puymartin
Frédéric Sonntag
renseignements :Conférence “Femmes de prisonniers et de déportés sous l'Occupation” lundi 6 mars 18h30 au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
Durée : 1h50
horaires :Mardi 7 mars 20h30
Mercredi 8 mars 19h30
Jeudi 9 mars 19h30
Vendredi 10 mars 20h30
Samedi 11 mars 20h30
tarifs :22 €
18 € Étudiants - 28 ans, CE, familles, + 65 ans, groupes de 10
15 € Demandeurs d'emploi, - 20 ans
M’ra (Carte Rhône-Alpes),
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