La notion d’avant-garde, artistique ou poétique, s’applique à des groupes ou collectifs, plus ou moins homogènes et structurés, organisées autour d’un ou plusieurs leaders, activistes et/ou théoriciens, s’exprimant à travers une ou des revue(s), par tracts, manifestes et manifestations publiques, plus ou moins virulents. Les actions et les œuvres s’appuient sur une théorie, qui comprend un rejet plus ou moins général des œuvres et des conceptions du passé, surtout le plus récent (assorti le plus souvent de l’exhumation de quelques rares précurseurs), au profit de l’exaltation et de l’élaboration d’une poésie et d’un art inouïs, seuls capables de rendre compte des mutations présentes et à venir du monde, voire d’y contribuer : différentiation maximale dans le champ esthétique ou poétique, articulée sur une position politique ou, plus largement, un désir de « changer la vie ». Cette attitude, ainsi conçue, apparaît en 1887 avec René Ghil et son groupe « évolutif-instrumentiste » en opposition à l’idéalisme de Mallarmé, et semble disparaître en 1993 avec l’auto-dissolution de Txt, fondé autour de Christian Prigent dans la foulée de mai 1968…
Cycle de cours de Jean-Pierre Robillot, professeur de Littérature française (Poésie du XX e Siècle) à l'Université Stendhal Grenoble III.