Texte de Fernando de Rojas. Mise en scène et adaptation de Françoise Coupat.
Tolède, dans l'Espagne du XVIe siècle. En ses rues agitées et bruyantes, celle que l'on nomme Célestine, la « vieille putain », l'entremetteuse, sépare les uns, unit les autres et, telle une araignée, tisse son implacable toile sur le grand manège mené par Françoise Coupat, Michel Hermon, David Bursztein et leurs acolytes. Entre vidéo, musique et théâtre, ils redonnent vie à ce grand texte inaugural des temps modernes, bien avant Don Quichotte ou Rabelais.
« Gagnons tous, partageons tous, jouissons tous », proclame Célestine, généreuse et candide, mais tout aussi manipulatrice et garce. La liberté inouïe, le naturel, l’élégance de l’écriture castillane de Fernando de Rojas sautent aux yeux, fascinent et enthousiasment. Les codes courtois du Moyen Age, la morale, la passion chaste, sont loin : place aux désillusions, à la passion charnelle, à un tout autre monde, témoin de cette tragi-comédie, régi par le sexe et l’argent. Cette satire de moeurs à l’énergie incroyable voit Célestine, la vieille maquerelle, chargée de convaincre la douce Mélibée d’épouser le jeune Calixte. Et l’entremetteuse de parvenir à ses fins... Mais à quel prix ? Sous ses airs de comédie légère, le texte de Fernando de Rojas emporte avec lui (enterre !) cinq personnages... Tourbillon endiablé, pièce écrite sept ans après l’Inquisition, rendue aujourd’hui au plus juste par la traduction de Florence Delay et la mise en scène contemporaine de Françoise Coupat, La Célestine est injustement méconnue. Plus pour longtemps.