Cinq ans après la mort de Gérard Philipe, Anne Philipe écrit « Le temps d'un soupir », une lettre ouverte à l'absent.
« Un jour, j'ai rouvert Le Temps d'un Soupir. Des phrases de ma mère, une histoire d'amour, de maladie, de mort. La mort de mon père. Deux enfants qui restent. Dont une petite fille de quatre ans. Jamais je ne m'étais douté que j'étais cette petite fille. Mais ce jour-là, lisant le livre à haute voix, les mots dans ma bouche, les sons dans mon corps m'ont parlé. Je me suis fondue dans cette enfant, elle était moi soudain et ce livre mien, et cette histoire aussi. J'étais spectatrice et je suis devenu actrice des pages imprimées. Ces mots magnifiques qui me racontent leur rencontre, leur bonheur, leur lutte épaule contre épaule, la construction d'un homme, d'un artiste, puis le fracas de l'irruption de la maladie, les vingt jours qui restent, le choix qu'elle fait du mensonge, la mort inéluctable, la solitude de ma mère face à l'hommage national et les enfants qui questionnent puis doucement, très doucement, son retour à la vie, seule. Ces mots, j'ai choisi de les dire devant témoin pour qu'ils sachent combien ils nous manquent. » Anne-Marie Philipe