Ciné-Concert
Les ciné-concerts sont des soirées avec projection de courts-métrages ou de film accompagnés musicalement en live.
Avec La Passion de Jeanne d'Arc, Dreyer bouleversa les codes cinématographiques en ne recourrant pour ainsi dire qu'aux gros plans. La caméra scrute les visages dans leurs moindres battements, replis, mimiques. De cette galerie de regards torves, de détails funestes et d'engins de torture, le visage désarmant de Renée Falconetti émerge avec la pureté d'une colombe. Du procès au bûcher, on suit la Pucelle dans les états contradictoires que sa tragédie lui inspire : incompréhension, effroi, doute, découragement, remords, foi, héroïsme. Ce chef-d'œuvre constitua l'un de plus gros budgets de l'histoire du muet. « L'humanité des gestes déborde l'écran et remplit la salle. Nous sentons tous cette vérité dans la gorge », commenta Luis Buñuel.
Autour de ce drame dont il connaît le moindre soubresaut, Thierry Escaich tisse un étau sonore qui attrape le spectateur et ne le lâche plus. La structure générale de la musique est rigoureusement préparée, mais c'est l'improvisation qui donne à la réalisation toute sa fulgurance. Tout ce que la pellicule laissait impalpable prend vie et force. L'orgue se démultiplie en polyphonies insensées, dans une longue progression qui laisse l'auditeur sans voix. Entendre Thierry Escaich improviser dans Jeanne d'Arc est une expérience unique, de celles qui ne vous laissent pas tout à fait comme auparavant.
Thierry Escaich, improvisation à l'orgue
(France, 1928, 1h26, N&B )avec Renée Falconetti, Eugène Silvain, Maurice Schutz, Antonin Artaud, Michel Simon