de Jean-Paul Sartre
Mise en scène de Michel Raskine
avec Guillaume Bailliart, Cécile Bournay, Christian Drillaud, Marief Guittier Un huis clos d’enfer ! Avec sa relecture résolument ancrée du côté de la chair, Michel Raskine révèle l’inattendu potentiel comique de Jean-Paul Sartre et prouve que même dans notre nouveau siècle, le père de l’existentialisme a décidément toujours son mot à dire.
On connaît la pièce, généralement pour l'avoir étudiée au lycée. On se souvient de son infernal point de départ : un homme, deux femmes, condamnés à vivre ensemble pour l'éternité.
On se rappelle de son texte, philosophique sans être hermétique, et la plus célèbre de ses répliques : « L'enfer, c'est les autres ! ». Pour notre plus grand plaisir, la relecture qu'en font Raskine et ses acteurs parvient pourtant à nous surprendre. Revu sans être corrigé, le texte de Sartre se révèle d'un humour et d'une sensualité qu'on ne soupçonnait pas. Sans nier le fait que le trio Inès-Garcin- Estelle soit avant tout le canevas sur lequel se tisse la pensée dialectique de l'auteur, Michel Raskine s'intéresse au concret, à la frénésie sensuelle qui s'empare inéluctablement des personnages.
Car malgré leur nouvelle qualité de défunts, ces séquestrés sont diablement vivants. Leur chair tremble de désir et de rage, car à défaut d'embraser leur corps, les flammes de l'enfer consument leur coeur. Ainsi, devant nous, se joue tout aussi bien la confrontation des idées que la bestialité des sentiments. Dans un détonant mélange de réflexion et de trivialité, de dérision et de férocité. C'est chaud, c'est rock, c'est riche. Cela nous change de la pensée unique.