Thomas Bernhard / Tg STAN
De et avec Jolente De Keersmaeker, Sara De Roo, Damiaan De Schrijver
Depuis mars 2004, le public du Point du Jour a
adopté la bande de Tg STAN. Le collectif flamand
revient cette année avec “Sauve qui peut”, pas
mal comme titre, d’après Thomas Bernhard,
un spectacle qui, succédant à Tout est calme,
constitue le second volet d’une trilogie annoncée,
consacrée à l’écrivain autrichien.
“Sauve qui peut”, pas mal comme titre est l’une
des répliques de la pièce Au but *, ici choisie pour
donner son titre générique à un spectacle qui rassemble
cinq « dramuscules ». Ces mini-drames
en un acte (sept au total, écrits sur plus de douze
années) dans lesquels l’écrivain continue de sonder
le trouble passé de ses compatriotes,
et de traquer la permanence du fascisme
ordinaire : Freispruch (Acquittement), placé sous
l’épigraphe d’une phrase de Mussolini ; Eis
(Glaces), mettant également en scène politiciens
et magistrats, ici devenus cibles d’un terroriste ;
Maiandacht (Le mois de Marie), discussion entre
deux femmes au crépuscule, longeant un
cimetière qui pourrait être celui de Traustein,
la ville d’enfance de Bernhard ; Match, mettant
aux prises un agent de police regardant un match
de foot dans son salon et sa femme qui, assise
à ses côtés, préférerait aller au lit et enfin A Doda
(Un mort), pièce « pour deux actrices et une
route » dont le texte est empreint d’une tonalité
quasi beckettienne.
Changeant de costumes au son de la marche de
Radetzky, jonglant avec des accessoires,
Tg STAN exalte le sens du grotesque et de la
poésie, et explore les multiples registres à
l’oeuvre dans ces cinq esquisses où le travail de
sape passe avant tout par la langue, une langue
colérique, incantatoire, brillante, qui fait la part
belle aux monologues.