NB: La Première est reportée au vendredi 25 janvier 2008 à 20h30
Compagnie Michel Béatrix
Pièce éminemment théâtrale dans la mesure où sa mécanique repose sur le théâtre dans le théâtre : jeu de rôles, pseudo-psychodrame. Et puis : Genet, Genet... le sulfureux poète cathartique.
Une distribution masculine
Au départ, démarche pédagogique : accompagnant, dans leur étude de la pièce, des classes de
1ères, notre intervention nous amenait à faire travailler, tous sexes confondus, les personnages aux élèves. Solange, Claire, Madame étaient ainsi travaillées par 3 filles ou 3 garçons, ou 2 filles et 1 garçon, ou 2 garçons et 1 fille... nécessité étant de laisser de côté le sexe des élèves pour les sensibiliser à la sexualité des personnages dans leur universalité.
Ce jeu supplémentaire de rôles soulignait de façon délicieusement troublante le fond
obscurément troublant des Bonnes - obsédées par Monsieur autant que par Madame, hantées par le Laitier comme le sont par l'Homme, chez Lorca, les femmes de La Maison de Bernarda. Cette option faisait, par ailleurs, sensuellement écho à la sexualité triomphante de Genet dont l'aveu (relevé dans son introduction à la pièce : « Je vais au théâtre afin de me voir, sur la scène (restitué en un seul personnage ou à l'aide d'un personnage multiple et sous forme de conte) tel que je ne saurais - ou n'oserais - me voir ou me rêver, et tel pourtant que je me sais être... ») a fini de me persuader de masculiniser (ou viriliser comme on voudra) ces trois créatures aux féminités exemplaires, la règle étant de ne les interpréter en aucune façon en travesti, et ne nous autorisant l'outil éventuel de la caricature qu'au moment où un personnage joue un personnage.
Cette fois encore, le désir autant que le besoin de bavarder à l'intime avec un auteur : son désir
d'être invoqué, provoqué.
Avant que les premières répétitions aient commencé, rien n'est joué, rien n'est gagné... Ne nous
guide que cette sacro-sainte intuition qui nous fait renifler dans les textes que nous approchons ou qui nous effleurent, des couleurs, des odeurs, des parfums, des sons... comme autant de réponses à des questions que, sans eux, nous n'aurions pas su, ou pas voulu, ou pas oser poser.
Michel Béatrix