Grande Salle
Racine exprime pour une fois son génie sans fureur sanguinaire. Le combat est d'un autre niveau dans cette tragédie du renoncement. Bérénice, reine de Palestine, installée à Rome depuis de longues années, attend ses noces avec Titus. Mais alors qu'il accède au trône de l'Empire, il doit renoncer à épouser une princesse étrangère. C'est à Antiochus, amoureux ignoré par Bérénice, que Titus délègue l'annonce de sa décision.
Racine nous focalise sur cet unique enjeu. Un couloir recouvert de bois sombre trace la frontière du drame. D'une part, la porte qui donne sur Rome, de l'autre, celle qui mène à Bérénice. L'espace minimal et précieux redonne sa dimension intime à cette forteresse du drame.
Dans cette promiscuité poignante, Titus et Bérénice ne s'effleurent qu'à deux reprises, chacun retranché dans son camp. Leur passion n'est jamais mise en doute, mais chacun est en lutte. Dans un spectacle majestueux, les comédiens laissent parler les corps, comme l'exige le théâtre de Racine. Tous les personnages contribuent à la mécanique précise d'un spectacle qui offre une vision mystérieuse et troublante de la jeune reine répudiée.
Avec Eric Caruso, Patrick Catalifo, Marie-Sophie Ferdane, Hammou Graïa,
Zakariya Gouram, Mounir Margoum, Sylvie Milhaud, Luc-Martin Meyer
Décor - Gilles Taschet / Costumes - Patrick Dutertre / Lumières - Marie Nicolas