Evènement associé : Jazz à Vienne 2008ce concert avec aussi Rosario Giuliani Quintet.
Ornette Coleman Quartet
Lorsque fin 1959 entre L.A et New York il invente littéralement le free-jazz d'un coup de sax barbelé, Ornette Coleman suscite la même panique que James Joyce en 1922 avec Ulysse.
Il est désormais considéré comme un précurseur, en free, en rock, et même en jazz-funk ! Compositeur hors norme, ce saxophoniste (alto et ténor, mais aussi trompettiste et violoniste) discret, humble, est de fait un révolutionnaire. Ce natif du Texas (en 1930) venu du Rhythm'n'blues a opéré sa mutation dans le milieu des années 50, à Los Angeles. Garçon d'ascenseur le jour, musicien la nuit, protéiforme et visionnaire, il y a imposé vent de face un style pratiquement atonal, posé sur des rythmiques flottantes. Il a également écrit des merveilles pour orchestre symphonique et élaboré patiemment une théorie musicale décisive et savante, dite «harmolodique». Poète là où d'aucuns voyaient une sorte de panthère noire, Ornette Coleman a joué sur son sax en plastique blanc des petits airs acides qui brisent le cœur, des chansons tristes qui inspirent le bonheur.
Tout s'est pourtant passé comme si la musique d'Ornette Coleman avait été d'emblée entière à prendre ou à laisser. Dès ses premiers disques (en 58 /59, pour le label Contemporary), le ton était donné : «Let's play the music, not the background !».
Avec ce Coleman de Fort Worth, le musicien doit s'affranchir des modèles et des schémas traditionnels qui canalisent le jeu, qui le rendent prévisible. C'est à l'aube des années 60 qu'il franchit avec un radicalisme inattendu une étape décisive : l'improvisation ne doit plus être «succession», mais «simultanéité». Pour un enregistrement studio, il réunit un octuor où chaque instrument est joué en double, par deux musiciens distincts. Dans ce qui se présente finalement comme un double quartet où l'on croise face à face les complices Don Cherry et Billy Higgins, Scott LaFarro, Eric Dolphy, Freddie Hubbard ou Charlie Haden (Ouch ! Le casting !), chacun sur un canal de la stéréo, tout est question d'imagination, de pure réactivité. L'imprévisible se transforme en son, la forme suit la fonction... Coleman intitule l'album Free jazz et donne ainsi son nom à une nouvelle attitude. Il annonce une nouvelle esthétique.
Rosario Giuliani quintet feat. Flavio Boltro
Quelques mois après le magnifique album du saxophoniste Pierrick Pedron (apprécié à Vienne l'année dernière), le dernier album de Rosario Giuliani s'écoute sous le même soleil...