Cette quête est un voyage à l'intérieur de soi plus qu'une destination, puisque le but à atteindre, L'Oiseau Bleu, restera hors d'atteinte dans les autres mondes. Les frontières entre l'ici-bas et l'audelà des apparences disparaissent, c'est un jeu d'alternances dont les enfants sont le trait d'union. Cette création puise son inspiration dans celle du conte moderne. Nous passons comme Alice ou Ulysse dans l'Odyssée de l'autre côté du miroir. Nous sommes à l'intérieur. Ainsi d'autres pistes traditionnelles sont développées : la présence du bestiaire, le traitement du merveilleux, la conception de la temporalité, l'apprentissage de L'Autre (l'étranger), ce révélateur des Grands Secrets ....
L'essentiel du conte de Maeterlinck que nous choisissons de mettre en exergue est l'ouverture qui grandit les êtres, le cheminement vers la Sagesse et finalement le temps de la révélation. Nous poursuivons ce travail de recherche en créant une rencontre autour des formes du langage : de la parole française ou étrangère aux images, de la présence théâtrale à celle de l'image cinématographique. Nous traversons les mondes et les langages en nous heurtant parfois à la différence et à l'incompréhension. Mais l'apprentissage du langage dépasse celui de la parole. La malédiction de la Tour de Babel devient une bénédiction. La rencontre exige un nouveau passage du miroir: audelà des cultures. Le mélange des langues est une symphonie nouvelle sous forme d'écho, de chants, de murmure, cela amène une profondeur poétique et sensible à laquelle participe le spectateur.
La pièce de Maeterlinck nous apprend qu'il n'y a pas de différence si on le souhaite vraiment entre ce que l'on veut vivre et ce que l'on vit, tout est une question de regard que l'on pose sur les gens, les lieux et les sentiments. Si nous le souhaitons, nous pouvons vivre le merveilleux au quotidien, pour cela cinéma et théâtre vont se mêler et abolir les frontières de la perception. L'illusion devient réalité et la réalité... illusion.