Evènement associé : Repartir à zéro
1945-1949
comme si la peinture n'avait jamais existé.
Une révolution en jazz par Francis Marmande, universitaire et chroniqueur au journal Le Monde.
Bernard Lubat sera l'invité exceptionnel de cette conférence. Polyinstrumentiste, il a joué avec les plus grands : de Stan Getz à Michel Portal, d'Eddy Louiss à Henri Texier, de Claude Nougaro à Louis Sclavis. Artiste engagé, il est aussi le concepteur du Festival Uzeste Musical et de la Compagnie Lubat.
Entrée libre.
En parlant de Jackson Pollock Matisse a dit :
"J'ai l'impression que je suis incapable de juger ce genre de peinture, pour la simple et bonne raison qu'on ne peut juger objectivement ce qui vient après soi.... A partir du moment ou il ne se réfère plus du tout à ce qui pour moi est peinture, je ne le comprends plus. Je ne peux davantage le juger, cela me dépasse complètement."
Extrait de Vivre avec Picasso de Françoise Gilot.
Aujourd'hui nous avons la chance de nous retourner pour comprendre. Le MBA de Lyon nous propose une grande exposition consacrée à l'Art de l'après seconde guerre mondiale, en Europe et en Amérique du nord. La période retenue est celle de l'immédiat après-guerre, qui va de 1945 jusqu'à la guerre froide (1945-1950).
Ce qui rassemble les artistes d'un monde occidental provisoirement réuni, pendant ce bref moment, est le sentiment de devoir repartir à zéro, de refonder un art débarrassé des idéologies qui avaient accompagné la création artistique depuis le début du XXe siècle.
Les artistes au sortir de la guerre tirent la conclusion qu'il ne saurait y avoir d'autre méthode désormais que de « repartir à zéro, de faire comme si l'art n'avait jamais existé », pour reprendre la formule explicite du peintre américain Barnett Newman.
Pendant quelques années, entre 1945 et 1950, jusqu'à ce que triomphe la guerre froide et qu'apparaissent à nouveau des divisions infranchissables au sein du monde de l'art comme dans le reste de la société, une situation d'ouverture et de générosité a été créée par ces sentiments mêlés d'urgence et de perdition, de possible renouveau radical et de perte brutale du passé. Hommes et femmes ont échangé idées, oeuvres, et méthodes dans un paysage artistique à la fois libre et très diversifié. C'est ainsi que, en Amérique comme en Europe, se sont multipliées les pratiques expérimentales marquées par le primitivisme et l'automatisme, en particulier en peinture mais aussi en sculpture ou en photographie.
Deux blocs opposés se sont fait face : d'un côté, l'expressionnisme abstrait américain (avec Jackson Pollock, Mark Rothko, Clyfford Still, David Smith ou Willem De Kooning), marqué par une rupture brutale avec le passé de l'art et l'invention d'un nouveau sujet héroïque: l'idéal du pionnier de Western transposé dans les beaux-arts. De l'autre côté, les abstraits lyriques (Nicolas de Staël, Wols, Bram van Velde, Pierre Soulages) d'une École de Paris acharnée à retrouver la gloire de la capitale artistique cosmopolite de la première moitié du vingtième siècle, en proposant une synthèse entre expérimentations abstraites et tradition tempérée.
L'exposition entend opérer une mise à plat de la situation artistique qui a prévalu pendant cette brève période où, souvent sans aucune concertation ni connaissance réciproque, des artistes ont voulu repartir à zéro. Elle permettra notamment de dépasser le face-à-face Paris / New-York, en montrant comment le foisonnement de la création dans ces villes allait au-delà des deux ou trois figures qu'on en retient généralement, mais aussi en mettant en valeur une géographie plus complexe, qui intègre aussi bien le reste du vieux continent (Antoni Tapiès à Barcelone, Carl Buchheister à Hanovre, Lucio Fontana à Milan, les post-surréalistes tchèques, polonais ou néerlandais) que la Côte Ouest des Etats-Unis (notamment les jeunes expérimentaux de San Francisco, comme Frank Lobdell ou Sam Francis), voire le Canada (avec le groupe des Automatistes, autour de Jean-Paul Riopelle).
Cette période, il faut le souligner, est un moment décisif dans la carrière de quelques-uns des plus grands artistes du XXe siècle - Pollock, Newman, Rothko, Soulages, Fontana - qui créèrent alors certains de leurs chefs-d'oeuvre, dont beaucoup seront rassemblés ici pour la première fois.
Commissariat de l'exposition
Eric de Chassey, professeur à l'Université François- Rabelais de Tours, membre de l'Institut universitaire de France.
Sylvie Ramond, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée des Beaux- Arts.
Cette exposition est reconnue d'intérêt national par le Ministère de la culture et de la communication / Direction des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d'un soutien financier exceptionnel de l'Etat.
Liste des artistes présentés
PEINTRES
Atlan (FR), Willi Baumeister (D), Marian Bogusz (PL), Paul-Émile Borduas (CAN), Carl Buchheister (D), Alberto Burri (IT), Peter Busa (US), Constant (NL), Olivier Debré (FR), Richard Diebenkorn (US), James Budd Dixon (US), Enrico Donati (IT/US), Jean Dubuffet (FR), Jean Fautrier (FR), Lucio Fontana (IT), Sam Francis (US), Arshile Gorky (ARM/US), Hans Hartung (D/FR), Hans Hofmann (US), Josef Istler (CZ), Asger Jorn (DK), Gerome Kamrowski (US), Franz Kline (US), etc...