En quelques années, la musique symphonique va prendre des contours nouveaux sur la place de Paris. Ernest Chausson a rarement écrit plus d'une oeuvre pour un genre musical. Mais chaque fois, il s'est condamné au chef d'oeuvre. Dédiée à son beau-frère, le peintre Henry Lerolle, sa symphonie échappe aux atmosphères post-franckistes, pour esquisser une transparence qui annonce déjà les irisations de l'impressionnisme. C'est une démarche un peu semblable, mais habitée cette fois par une ardente sensualité de la vie, qui caractérise le Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy.
Cette page luxuriante et volontiers lascive ne se départit pas tout à fait d'une descendance parsifalienne. Mais c'est pour nous emmener ensuite dans les contours troubles et envoûtants d'une musique qui sent bon son symbolisme. La rupture devient totale avec Stravinsky : la rugosité de ses sonorités, le raffinement obsédant de son instrumentation, la versatilité de ses rythmes font de L'Oiseau de feu une partition test du nouveau siècle.
Ernest Chausson
Symphonie en si bémol majeur op. 20
Claude Debussy
Prélude à l'après-midi d'un faune
Igor Stravinsky
L'Oiseau de feu
Suite d'orchestre (1911)
Direction musicale
Kazushi Ono