par Pierre Dockès et Jean-Michel Tobelem
Pierre Dockès
Professeur de sciences économiques à l'Université Lumière Lyon 2, il est membre du centre de recherche Triangle (UMR du CNRS) et du Cercle des économistes. Intéressé par le pouvoir en économie, il vient de montrer dans un livre sur Thomas Hobbes qu'une économie de la peur de l'autre pouvait conduire à une politique de la terreur (Hobbes : Économie, terreur et politique, 2008). En ce qui concerne la mondialisation, « l'autre » n'est pas simplement un concurrent, voire un adversaire et il est dangereux de faire de la mondialisation un épouvantail (« L'enfer ce n'est pas les autres, bref essai sur la mondialisation », Descartes et Cie, 2007).
Pour Pierre Dockès, en matière de mondialisation « l’enfer ce n’est pas les autres ». Il s’agit de comprendre ce qui se joue aujourd'hui sous le terme de mondialisation : libre échange des marchandises, déplacements massifs des capitaux, migrations et délocalisations, entrée de centaines de millions de travailleurs sur le marché mondial... Il faut évaluer l'impact sur l'Europe et la France de cette nouvellemondialisation, sans agiter d'épouvantails ! Pourront-elles résister avec leurs taux de croissance et d'investissement si faibles, prises en tenailles entre les Etats-Unis à la pointe des innovations et les pays émergents à très bas salaires ?
Il faut agir pour que l'Europe aujourd'hui dévoyée retrouve son dynamisme, son potentiel innovateur. L'enfer, ce n'est pas les autres, ce sont nos faiblesses actuelles. La mondialisation n'est pas le mal, mais elle peut faire mal si nous ne prenons pas les chemins de cette société de la connaissance qui est déjà là,mais à laquelle nous tournons le dos.
Jean-Michel Tobelem
Docteur en gestion, il est directeur d’Option Culture (http://option.culture.free.fr). Auteur de « Musées et culture, le financement à l’américaine » (PUL) et « Le nouvel âge des musées, les institutions culturelles au défi de la gestion » (Armand Colin), il a été responsable de la publication de « La culture mise à prix, la tarification dans les sites culturels » (L ’Harmattan) et « L ’arme de la culture, les stratégies de la diplomatie culturelle non gouvernementale » (L ’Harmattan).
Dans un débat concernant la mondialisation, les musées ont assurément toute leur place. Traditionnellement, la dimension scientifique de leurs activités les pousse aux échanges avec des conservateurs et des spécialistes internationaux; la préparation des grandes expositions les conduit à solliciter des prêts dans le monde entier ; ils accueillent - du moins pour les plus célèbres d’entre eux - nombre de visiteurs venus de l’étranger ; enfin, les donateurs n’appartiennent pas nécessairement au pays dans lequel est implanté le musée : l’internationalisation des dons (d’entreprises, de fondations ou de particuliers) les concerne également.
Toutefois, il existe une résonance particulière au débat concernant lamondialisation des musées : celle-ci porte sur la création d’« antennes », à l’imitation d’un mouvement lancé par la fondation Guggenheim, suivie par le musée de l’Ermitage et - plus récemment mais avec un certain éclat - par le musée du Louvre (et les autres musées associés au projet d’implantation à Abou Dhabi), tandis que le Centre Pompidou paraît désireux quant à lui de créer une institution sœur en Asie. Notre présentation s’efforcera par conséquent de décrire les enjeux de cette mondialisation muséale et d’en faire apparaître les limites.