De Jean-Yves Picq - mise en scène : Michel Beatrix.
Avec Michel Beatrix, natasha Bezriche et Hervé Tharel
L'histoire...... A Tomes, sur le Pont-Euxin (aujourd'hui Constanta en actuelle Roumanie) où Pilate finit un exil commencé à Vienne à la mort de Tibère, un étrange dialogue a lieu entre l'ancien préfet romain et un jeune homme anonyme, relativement discret sur ses intentions, mais provoquant et apparemment bien informé sur des évènements ayant eu lieu à Jérusalem, il y a quelques dizaines d'années de cela. Entre une certaine vérité historique et la naissance d'une tradition (le jeune homme se révèlera bientôt un apologiste de la « Parole » chrétienne toute naissante) l'affrontement sur la Réalité et le Vrai est inévitable.
Un polar linguistique, politique et spirituel ......
Pièce diablement troublante et divinement bouleversante dans laquelle l'action suspendue le dispute au suspens haletant d'un « Pendule de Foucault » ou d'un « Da Vinci Code ». Des millénaires - plus deux - d'histoire(s) et de religion(s) se fondent et se trempent à l'humanisme ébranlé et mouvant, inéluctablement ! de deux hommes séparés et réunis par les courants contraires et contrariant de leur foi et de leurs convictions. Entre aspirations spirituelles et nécessités politiques, quelle place a été donnée et/ou laissée au message du « Simple et Doux » - évangélisé en traductions, interprétations et adaptations nécessaires à sa propagation - dès lors que, coupé de ses racines linguistiques hébraïques - et donc messianiques - il n'aurait plus sa fonction et sa puissance directe de « message divin », celles de la « langue, maîtresse de l'âme »... ? Deux confessions au bord du vide et son tombeau.
Le passage......
L'île à laquelle le jeune homme aborde et dans laquelle Pilate expire, est comme un sas purgatoire entre deux mondes et deux devenirs. L'immobilité du temps y est chargée d'orages et de tempêtes. Le jeune homme est à l'orée d'une odyssée mystique ou religieuse : c'est le choix devant lequel le laissera Pilate après ses révélations et leurs mises en questions et doutes. La présence accompagnante et matriciante de la femme - sans qu'on la sache jamais épouse de Pilate, mère ou maîtresse, gardienne ou disciple - fait résonner le chant du monde. Parcours sensible et fulguré : des chants du peuple hébreu à ceux des premiers chrétiens orthodoxes. Chants des passages, des voyages, des exils, des exodes.