Né en 1952 en Charente, vit et travaille à Paris.
À la fin des années 1980, il commence à trouver sa propre voix artistique en mettant au point le principe de l'aquagravure, puis en 1994, en réalisant des installations et assemblages d'objets hétéroclites à la manière d'Arcimboldo, dont la composition glo- bale ne prend réellement forme pour le spectateur que par le truchement de la pho- tographie qui recrée l'image plane voulue par l'artiste. La première exposition d'im- portance a lieu en 1998. Ce principe d'anamorphose est depuis le fil conducteur de l'artiste, qui s'essaie à des installations plus grandes et travaillées sous forme d'Inventaires variés réinterprétant diverses images connues de l'histoire de l'art (Crucifixion, van Gogh, Francis Bacon...), et de la société contemporaine (portraits d'Albert Einstein, Marilyn Monroe, Che Guevara, Mickey...).
Bernard Pras est artiste et chercheur . Il cherche dans toutes sortes de directions. Dans les années 70, il invente un procédé d'aquagravure qui autorise des effets de relief particulièrement bien adaptés au travail d'un artiste comme Lindström, avec qui Bernard Pras entretiendra une belle complicité, ou Corneille, à qui il fera prendre des apparences tranchant avec ses célèbres lithographies.
Artiste, Bernard Pras l'est aussi : il prend la photo à revers, la détourne, la piège, lui fait enregistrer dans la chambre noire ce que l'oeil nu ne voit pas. Le résultat : l'accumu- lation d'un certain nombre d'objets de consommation courante, mais disposés dans un ordre tel qu'ils composent, ensemble, un visage.
Disposez sur une table, dans un apparent désordre, vieux jouets, chiffons, chaussure, statuette africaine et déclenchez.Vous obtenez un portrait véritablement révélé : il n'est pas visible à l'oeil nu, mais seulement dans le viseur de l'appareil photo, et sur l'épreuve.Tout, naturellement, est dans la composition sophistiquée qui se cache der- rière l'apparent désordre...
L'élaboration d'une oeuvre de Bernard Pras connaît plusieurs étapes :
La première est la récolte : récolte d'objets usagés (jouets, ustensiles, vêtements...mais aussi matériel ménager). Puis vient le choix des couleurs, des formes, des dimensions. Enfin intervient l'assemblage , principale opération : assemblage qui se fera à partir du viseur de l'appareil photographique. Car , ici, ce n'est pas l'appareil qui se déplace pour choisir le meilleur angle du sujet mais le sujet lui-même qui se construit devant l'ap- pareil statique.Véritable anamorphose, l'amas d'objets devient alors portrait : non seu- lement image mais analyse psychologique par le choix des objets et leur mise en place. Avec Bernard Pras, on entre dans un univers où les détails font sens. Chaque individu portraituré trimballe ses objets dans sa tête, les objets de sa vie, sa personnalité. Un portrait plus que nu, un portrait-radiographie, qui perce le cerveau et en fait l'inven- taire. Un inventaire où tout est contemporain car ce sont les petits objets de notre vie à tous qui constituent le matériau des compositions de Bernard Pras.