Célestine
Avec Nicolas Berno, Camille Cobbi, Lionel Dray, Gabriel Dufay, Jean-Claude Durand, Blanche Leleu, Maria Nozières, Anne Raphaël
C’est avec sa mise en scène de La Femme d’avant que Claudia Stavisky a fait découvrir aux Célestins l’univers du jeune auteur allemand Roland Schimmelpfennig. Nous poursuivons cette découverte avec Push Up, exploration de la compétitivité sans merci au sein d’une grande entreprise. Gabriel Dufay voit surtout dans ce groupuscule agité la solitude des êtres pataugeant dans le marais urbain et économique.
Au fil de trois séquences, on assiste aux rencontres tumultueuses entre les cadres qui s’affrontent et se déchirent à coup de répliques assassines, de guerres ouvertes ou larvées, opposant les sexes ou les générations. Insérées entre les dialogues corrosifs, de brèves confessions donnent à demi-mot une autre dimension des personnages. Autant d’arrêts sur image dont s’emparent les comédiens pour habiter ce monde froid et métallique en y ouvrant quelques brèches d’humanité. Deux agents de surveillance, Heinrich et Maria, présents au début et à la fin de la pièce, encadrent et commentent l’action de cette tragédie glacée et décapante.
Conjuguant les dimensions cyniques et ludiques de la pièce dont le titre sonne comme le nom d’un jeu vidéo, le spectacle n’oublie pas sa dimension de thriller mental. Comme toutes les pièces de Schimmelpfennig, Push up est un puzzle, une histoire à tiroirs dans laquelle le réel n’est pas toujours ce qu’il semble être. C’est ce kaléidoscope dramaturgique fascinant qu’a choisi Gabriel Dufay pour sa première mise en scène. Ambitieux projet de ce jeune comédien et metteur en scène qui a su attirer notre attention dès sa sortie du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique.