Salle : Grande Salle
De : Ödon von Horváth | Mise en scène : Emmanuel Demarcy-Mota | Traduction : François Régnault
Avec Avec Thomas Durand, Hugues Quester, Alain Libolt, Charles-Roger Bour, Gérald Maillet, Sarah Karbasnikoff, Olivier Le Borgne, Walter N’Guyen, Cyril Anrep, Laurent Charpentier, Muriel Ines Amat, Ana Das Chagas, Gaëlle Guillou, Céline Carrère, Sandra Faure, Pascal Vuillemot, Stéphane Krähenbühl, Constance Luzzati, Élodie Bouchez
Auteur hongrois de culture allemande, Ödön Von Horváth eut le temps de percevoir les infamies que la crise économique et morale allait mettre à jour dans l’Europe affolée des années 30, avant de mourir à Paris, foudroyé à l’âge de 37 ans par la chute d’un arbre devant le Théâtre Marigny.
Il avait écrit Casimir et Caroline en 1932, avant que ses livres ne figurent l’année suivante parmi les premiers brûlés par les nazis. C’est dans ce contexte de la montée du nazisme que la pièce montre la déchirure symbolique d’un couple, entre l’espoir inquiet de Caroline et le désenchantement clairvoyant de Casimir.
La rupture entre les deux amants aura lieu en pleine fête de la bière, entre attractions foraines et flots d’alcool, à la recherche d’une amnésie, hélas provisoire. Dans cette version de 1932, Emmanuel Demarcy-Mota, nouveau directeur du Théâtre de la Ville de Paris, s’attache particulièrement à la force de la relation entre les êtres. L’intensité sauvage de Sylvie Testud, face au vertige incurable qu’incarne Thomas Durand, donne toute sa force à ce grand amour empêché. Au milieu du vacarme, le texte est servi avec une précision cinglante, suivant à la loupe l’intime et tragique farce qui ronge le couple, allégorie de celle qui ronge le monde. L’agitation de Caroline ou la résignation de Casimir sont l’expression d’un même refus de l’inexorable. En arrière-plan grondent le dérèglement et le spectre de l’horreur. Dans ce monde trivial, le spectacle donne à voir autour du couple un édifiant zoo humain, une foule en quête de plaisirs immédiats et d’instants d’oubli.