Salle : Grande Salle
De : Tennessee Williams | Mise en scène : René Loyon | Traduction : Jean-Michel Déprats, Marie-Claire Pasquier
Avec Agathe Alexis, Marie Delmares, Martine Laisne, Igor Mendjisky,...
Après Antigone la saison dernière, nouvelle coproduction et nouvelle complicité avec René Loyon, dont la passion pour un grand théâtre populaire et exigeant ne s’est jamais démentie. Il relève cette année un audacieux défi avec une nouvelle version de l’un des chefs-d’œuvre de Tennessee Williams.
Le cinéaste Joseph L. Mankiewicz immortalisa la pièce dans une version hollywoodienne qu’Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift rendaient angoissante à souhait. René Loyon explore d’autres versants que celui de l’angoisse qui prédomine dans le film. Il jette sur l’action un regard d’enquêteur naïf. Que s’est-il passé à Cabeza de Lobo, pittoresque cité balnéaire d’un pays imaginaire du tiers-monde ?
Sébastien Venable, héritier d’une riche famille de la Nouvelle-Orléans meurt dans de mystérieuses conditions. Le seul témoin de l’événement, sa cousine Catherine, en fait un récit si effroyable et si peu vraisemblable qu’elle est déclarée folle et internée en hôpital psychiatrique. Malgré le traitement qu’elle subit et les pressions de sa famille, elle s’obstine dans sa version des faits. Ulcérée par cette obstination, la mère du disparu se paie les services d’un jeune psychiatre, spécialiste d’une pratique prometteuse en ces années 30 : la lobotomie.
Sud profond, ambiance tropicale suffocante, famille patricienne toute-puissante, violence d’une société marquée par l’injustice sociale, le racisme, l’homophobie. C’est ce monde si singulier de Tennessee Williams que René Loyon nous fait redécouvrir, au-delà des clichés habituels du naturalisme américain ou des codes de jeu psychodramatiques généralement accolés à son œuvre. Dans sa dimension à la fois réaliste et onirique, Soudain l’été dernier est une pièce sur la peur : la peur de l’étranger, de l’homosexuel, du fou, la peur de l’inconnu ou de soi-même… À ce titre, elle est évidemment d’une inépuisable actualité.