Un cabaret plaisant, nostalgique, drôle, mais surtout dense et débordant, mené tambour battant par Alejandra Radano et Sandra Guida.
Les deux personnages évoluent entre Art Déco, Art Nouveau et Néogothique, depuis la terrasse d’un gratte-ciel jusqu’aux bidonvilles de Buenos Aires. De Brecht à Kurt Weill, on passe naturellement par Piazolla et les couleurs du tango argentin pour arriver à Stephen Sondheim et Bob Fosse dans l’esprit de Broadway des années 50, 60 et 70. Les détours impromptus nous replongent aussi dans la pop anglaise, des airs oubliés mais connus de tous, comme résonnent en nous la chanson de Blondie ou les airs post-punks du groupe anglais Bauhaus. Alfredo Arias n’a pas son pareil pour transformer un tel exercice en condensé de plaisirs. Il inscrit dans les silhouettes, le rythme, les détails concis mais exubérants des costumes, cette poésie latine grésillante comme un souvenir ému, mais toujours emportée par la joie et l’énergie de l’ensemble.
"L’origine de Trois tangos se trouve dans la musique d’Axel Krygier. Dès que j’ai écouté sa composition pour le ballet Secreto y Malibu, j’ai su que je voulais travailler avec lui.
C’est avec la complicité du dramaturge Gonzalo Demaria que nous avons abordé ce projet.
Nous nous sommes inspirés d’un dictionnaire du film policier en Argentine. Nous avons cherché à comprendre quels thèmes se répétaient dans les différents scénarios.
On a pu vérifier que le triangle amoureux, mari-femme-amant, était une situation d’une grande richesse criminelle. Nous avons aussi constaté que le cinéma des années 40/50 brisait avec insolence les frontières. À Buenos Aires, on tournait dans des décors figurant l’Europe ou les États-Unis. Nous avons imaginé alors les déplacements de ce triangle infernal à travers l’espace et le temps.
Pour colorer le tout d’une brillance surréelle, nous avons choisi les photographies des interprétations psychanalytiques de rêves de Greta Stern qui illustraient un journal féminin."
Alfredo Arias